Marié-e à une personne de même sexe et fervent-e catholique

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Présentation

Marié-e à une personne de même sexe et fervent-e catholique : analyse d’une combinaison improbable dans le contexte post « Mariage pour tous » en France, session de séminaire du CERReV (Université de Caen) du 31 mai 2016.

Intervenante

Céline Béraud, maître de conférences en sociologie à l’Université de Caen Normandie.

Céline Béraud travaille principalement sur le catholicisme français. Les citations non créditées sont de l’intervenante.

Intervention

Une opposition de principe.

Dès le dix-neuvième siècle, le catholicisme a investi radicalement la famille comme institution. À l’instar d’autres branches du droit français, le Code civil est resté marqué par les principes que l’Église a développé dans ce sens, en particulier sur l’institution matrimoniale[1]. Le droit canonique stipule ainsi :

Le consentement matrimonial est l’acte de la volonté par lequel un homme et une femme se donnent et se reçoivent mutuellement par une alliance irrévocable pour constituer le mariage.

— Canon 1507

Face à ces principes, le célibat consacré reste le moyen légitime d’échapper au mariage hétérosexuel. L’Église catholique a en effet développé l’une des plus puissantes rhétoriques homophobes. En cela, affirmer son homosexualité au sein de la paroisse constitue une véritable mise à l’épreuve. Cela dit, l’union de personnes de même sexe et le baptême de leur enfant se pratiquent au sein de l’Église. Ces pratiques sont connues — mais pas promues — par le clergé.

Des opposants en action.

Votée le 17 mai 2013, la loi autorisant le mariage homosexuel en France[2] a suscité de nombreux débats et une opposition nourrie. Le 15 août 2012, le cardinal français et archevêque de Paris, André Vingt-Trois, inclut l’opposition au projet de loi dans sa prière pour la France[3], une tradition catholique qui consacre le pays à la Sainte Vierge[4]. Une liturgie militante s’organise alors. Si l’Église catholique aux États-Unis lutte frontalement contre le droit au mariage pour les personnes homosexuelles, l’Église d’Europe revendique la lutte pour les droits de l’enfant. Cette stratégie « positive » s’est révélée beaucoup plus efficace.

La rhétorique homophobe des catholiques a été reprise par les représentants d’autres confessions[5],[6] lors des débats autour du « mariage pour tous ». Cela a permi à l’Église catholique de mettre en avant le caractère universel de son discours. Le protestantisme traverse aujourd’hui des clivages similaires aux catholiques autour des questions liées à l’union homosexuelle, comme en témoigne le mouvement des Attestants[7]. De son côté, l’islam a le moins sécularisé le mariage hétérosexuel. Dans tous les cas, les mouvemements LGBT traversent tous les courants religieux.

Sur un plan politique plus général, notons que les catholiques français sont historiquement plutôt à droite mais votent peu Front national. Or, ce verrou est en train de sauter.

Notes et références.

  1. Cf. notamment la partie « Le Code civil et le mariage canonique » in Jean-Paul Durand, « Code civil et droit canonique », Pouvoirs 4/2003 (nº 107), pp. 59-79
  2. « Le mariage pour tous », Gouvernement.fr, 2016-05-25 (mise à jour)
  3. Mgr André Vingt-Trois, « La prière nationale d’André Vingt-Trois contre le mariage gay », Rue 89, 2012-08-03
  4. « La prière pour la France », Wikipédia
  5. « Le mariage homosexuel vu par les Juifs français », The Jerusalem Post, 2013-05-03
  6. Mohammed Moussaoui, « À propos du Projet de Loi « Mariage pour tous » », CFCM.
    Remarque : le texte du CFCM se conclut sur un ensemble de liens vers la position — partagée — des autres communautés religieuses. Les liens sont désormais obsolètes mais encore disponibles à ces adresses : pour l’Église catholique ; pour le Grand Rabbin de France.
  7. Loup Besmond de Senneville, « Les « Attestants », un nouveau mouvement chez les protestants », La Croix, 2016-01-17