Jouer Jeanne d'Arc
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Repères chronologiques
Jeanne d'Arc
- Domrémy, v. 1412 - Rouen, 1431
- Procès de réhabilitation en 1456.
- Oubliée par la Renaissance.
- Méprisée et considérée comme illuminée (dans l'Encyclopédie) par les Lumières.
- Redécouverte par le XIXe siècle romantique comme figure historique et non religieuse.
- Publication des Procès par Jules Quicherat (5 volumes, 1841-1849) :
- La dimension religieuse est évacuée ;
- Les causes d'une folie sont recherchées (Jeanne est violée ? Sa sœur est tuée ?
- Le premier procès considéré comme valable
la validité du premier procès et la folie sont d'ailleurs privilégiées dans l'approche anglaise de Jeanne d'Arc.
- Années 1860 : approche chrétienne favorisée.
Le second procès est alors considéré comme valable. - 1909 : béatification.
- 1920 :
- Canonisée par l'autorité catholique ;
- Élevée au rang de sainte patronne de France par les Républicains.
- Devient très tôt un personnage de l'art (et notamment du cinéma).
- Courant XXe siècle : le problème ne vient pas des Anglais (alliés français à l'époque) mais de Isabeau de Bavière (épouse de Charles VI, roi de France, mort en 1422).
Les questions nécessaires à l'analyse
- Par rapport au film
- Quelle est la position du personnage dans la dramaturgie ? Comment est-il mis en scène ?
- Comment le personnage est-il présenté ? À quoi est-ce lié ? (contexte de production, vision culturelle de Jeanne d'Arc à ce moment-là, etc.)
- Par rapport à l'actrice
- Comment travaille-t-elle avec le corps de Jeanne d'Arc ? (Masculin/féminin, guerrier/intime, l'épée/l'étendard…)
- Comment travaille-t-elle ses postures, ses gestes ? (L'image de Jeanne d'Arc oscille entre une image figée (voir les postures-types de Jeanne dans la représentation populaire) et une image migrante.
Analyse de Joan the woman
Cecil B. DeMille (US, 1916)
Contexte
Les balbutiements du cinéma.
- Début du cinéma des studios
- Début du star-system
- Mary Pickford
- Lilian Gish (femme de D. W. Griffith)
- Douglas Fairbanks
- Création de United Artist
- United Artist
- Société états-unienne de distribution puis de production.
- Fondée en 1919 par Charles Chaplin, Douglas Faibanks, D. W. Griffith et Mary Pickford.
- Proposait une certaine liberté artistique.
L'Europe est en période de guerre.
- La production française (la plus importante auparavant) est plombée.
- Cette situation profite aux USA.
Période d'instabilité :
- Esthétique,
- Actorielle,
- Économique.
Structure du début du film
- Présentation décontextualisée / majesté du personnage (illustre la figure).
- Séquence des Anglais dans les tranchées en 1916.
- Jeanne bergère (illustre le personnage).
Enjeux
- Dimension historique.
- Lors de la première du film, des objets du XVe siècle sont disposés à l'entrée.
- Le film veut valoir comme reconstitiution (légitimation).
- Exaltation de la vertu guerrière.
- Contexte d'entrée en guerre des USA (tournage du film alors que les USA hésitent à s'engager)[1].
- Sortie du film au moment de l'intervention US.
- Problème dans le traitement des Anglais, alliés durant la guerre. Solution scénaristique : Jeanne et un officier anglais sont amoureux. En outre, l'épisode de Jeanne est un flash-back et se ferme sur l'héroïsme du soldat anglais (figure sacrificielle équivalente à Jeanne d'Arc).
Aura actoriel
- Geraldine Farrar
- USA, 1882-1962
- Cantatrice et actrice.
- Grande réputation (diva de la scène et célèbre pour sa vie privée).
Corps de l'actrice
Geraldine Farrar en Jeanne d'Arc. Elle a 34 ans lorsqu'elle interprète le rôle, alors que Jeanne est morte à 19 ans.
Féminité évidente :
- Des formes physiques,
- Des cheveux,
- Des vêtements.
Une féminité :
- Très mal vue par la critique française,
- Très bien accueillie par la critique US.
Traitement réaliste du personnage, mais :
- Âge avancée,
- Physique lourd,
- Jeu pesant, terrien.
Mouvements de l'actrice
Une gestuelle très codifiée :
- Mouvements amples des bras,
- Déplacement minimal,
- Jeu supérieur du corps.
Dans les années 15 en Italie, le divisme est à son apogée.
- Divisme
- Sophistications des mouvements, des poses et des figures. On parle alors de divas de cinéma.
Sources
Filmographie sélective
- Jeanne d'Arc, avec Jeanne D'Alcy (Georges Méliès, Fr., 1899)
- Joan the woman, avec Geraldine Farrar (Cecil B. DeMille, US, 1916)
- La Passion de Jeanne d'Arc avec Renée Falconetti (Carl T. Dreyer, Fr., 1928)
- Joan of Paris, avec michèle Morgan (Robert Stevenson, US, 1942)
- Joan of Arc, avec Ingrid Bergman (Victor Fleming, US, 1948)
- Destinées (sketch : « Jeanne »), avec Michèle Morgan (Jean Delannoy, Fr., 1954)
- Saint Joan, avec Jean Seberg (Otto Preminger, US, 1957)
- Procès de Jeanne d'Arc, avec Florence Delay (Robert Bresson, Fr., 1962)
- Jeanne la Pucelle (2 parties : « les Batailles » / « les Prisons »), avec Sandrine Bonnaire (Jacques Rivette, Fr., 1993)
- The Messenger (tourné en anglais), avec Milla Jovovich (Luc Besson, Fr., 1999)
- Jeanne captive, avec Clémence Poésy (Philippe Ramos, Fr., 2011)
- Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc, avec Lise Leplat Prudhomme (Bruno Dumont, Fr., 2017)
- Jeanne, avec Lise Leplat Prudhomme (Bruno Dumont, Fr., 2019)
Bibliographie sélective
- TWAIN, Mark (sous le pseudonyme de Louis De Conte). Le Roman de Jeanne d'Arc (titre original : Personal Recollections of Joan of Arc). Éditions du Rocher, 1895
- A. DE LA BRETÈQUE, François. L'Imaginaire médiéval dans le cinéma occidental. Paris, Honoré Champion (« Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge »), 2004
- Ouvrages de la médiéviste Régine Pernoud.
Pistes possibles sur la question des migrations d'image
- Les bases de l'iconologie, début XXe siècle.
- Les travaux de Georges Didi-Huberman
- AUMONT, Jacques. Matières d'images. Éditions Images modernes, 2005
- L'Image, Flammarion (Coll. GF Corpus Philosophie), 2011
Références
- ↑ Les Studios d'Hollywood ont toujours servie la propagande interventionniste.